La France en tête de la révolution solaire
☀️ La cellule miracle : pourquoi on en parle peu ?
Le photovoltaïque stagne. Malgré les progrès, les panneaux classiques plafonnent autour de 22 % de rendement. Et là, miracle : la technologie tandem pérovskite-silicium débarque avec la promesse de franchir la barre mythique des 30 %. Ce n’est plus de la R&D, c’est presque de la poésie solaire. Et en janvier 2025, le CEA et le groupe 3Sun ont annoncé l’exploit : 30,8 % sur une cellule de 9 cm². Voilà la France à l’avant-garde, sur le papier.
🔬 Pérovskite, ce mot qui brille
Ce minéral aux allures exotiques a tout pour plaire : bon marché, efficace sur le spectre visible, adaptable en couche mince. Il complète parfaitement le silicium, roi actuel des toits. Ensemble, ils forment une cellule dite “tandem” : la pérovskite absorbe les photons à haute énergie, le silicium fait le reste. Résultat : on maximise la lumière, on augmente le rendement, et on électrise les promesses.
Mais la pérovskite, c’est aussi une diva : sensible à l’humidité, instable à long terme, difficile à industrialiser. La vraie question n’est plus “est-ce que ça marche en labo ?”, mais “est-ce que ça marche dehors, sur un toit, pendant 25 ans ?”.
🏭 Fabriqué en France (si tout va bien)
Du labo à l’usine, il y a un pas… que la France tente de franchir. En Alsace, l’entreprise Voltec Solar s’est imposée comme un acteur majeur du photovoltaïque français. Avec deux lignes de production de 250 MW à Dinsheim-sur-Bruche, Voltec a su tirer son épingle du jeu en misant sur des modules PERC et, plus récemment, sur la technologie TOPCon, prévue pour le printemps 2024.
Mais l'ambition ne s'arrête pas là. Voltec s'associe à l'Institut Photovoltaïque d’Île-de-France (IPVF) pour développer une technologie tandem pérovskite-silicium à quatre terminaux (4T). Ce partenariat, nommé "France PV Industrie", vise à établir une ligne pilote d'ici fin 2023, un démonstrateur industriel de 200 MW en 2025, et une montée en puissance jusqu'à 5 GW d'ici 2030. Le projet bénéficie d'un soutien financier de 9,3 millions d'euros de l'ADEME, avec un investissement total estimé à environ 1 milliard d'euros à l'horizon 2030 (source PV Magazine).
🇫🇷 Indépendance made in soleil
La souveraineté énergétique, tout le monde en parle. Et sur le papier, produire nos propres modules à haut rendement en France serait une superbe avancée : moins de dépendance au silicium asiatique, plus de valeur ajoutée locale, et une transition qui rime enfin avec réindustrialisation. Mais aujourd’hui, la France ne fabrique qu’une infime partie des panneaux solaires installés sur son propre territoire (France Stratégie, 2023).
Autant dire que le leadership mondial reste une ambition. Il faudra bien plus que quelques millions d’euros et des records de labo pour inverser la tendance.
⏳ Soleil levant ou mirage tricolore ?
La pérovskite-silicium, c’est l’alpha technologique de la filière solaire. Mais le succès passera par sa capacité à franchir trois obstacles : la durabilité, la bancabilité, et l’industrialisation. Car un panneau de rêve qui meurt en 5 ans, c’est un rêve… subventionné. Et pendant ce temps, les modules chinois à 20 % de rendement s’installent à grande échelle, sans tambour, ni trompette, ni conférence de presse.
La France a donc un rôle à jouer, à condition d’aligner promesses, prototypes, et production réelle. Sinon, ce sera une case de plus dans l’album des “champions de la transition” qui n’ont jamais dépassé la maquette PowerPoint.