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Dimensionnement d’un échangeur à plaques : méthode simple et efficace

Publié le 06/04/2025

Dimensionnement d’un échangeur à plaques : méthode simple et efficace

Contenu de la formation

Les échangeurs de chaleur à plaques sont largement utilisés en chauffage industriel pour transférer efficacement de l’énergie thermique entre deux fluides. Grâce à leur conception compacte et modulable, ils offrent un excellent rendement d’échange et peuvent être adaptés à de nombreuses situations. Cependant, dimensionner correctement un échangeur à plaques requiert de comprendre les principes thermodynamiques de base et de tenir compte de multiples critères techniques. Cet article vise à expliquer de manière accessible mais rigoureuse comment sélectionner et calculer un échangeur à plaques pour un réseau de chauffage, en illustrant le propos par des exemples simples de calcul.

Principes thermodynamiques de base

Le dimensionnement thermique d’un échangeur s’appuie d’abord sur le bilan énergétique entre les deux fluides échangeant la chaleur. En régime permanent, la puissance thermique échangée Q (en watts) est la même côté chaud et côté froid, hormis des pertes négligeables. On a donc :

Q = mh · cp,h · (Th,in – Th,out) = mc · cp,c · (Tc,out – Tc,in),

m est le débit massique (kg/s) et cp la capacité calorifique massique (J/kg·K) du fluide chaud (h) et du fluide froid (c). Ce bilan permet de déterminer une première donnée essentielle : soit la puissance à transférer Q si les débits et températures d’entrée/sortie sont fixés, soit l’une des températures de sortie si la puissance cible est connue.

Différence de température moyenne logarithmique (LMTD)

Une fois Q établie, le dimensionnement thermique repose sur la relation classique Q = U · S · ΔTm, où U est le coefficient d’échange global (W/m²·K), S la surface d’échange nécessaire (m²), et ΔTm la différence de température moyenne entre les fluides sur la longueur de l’échangeur. Pour des écoulements à contresens (cas le plus fréquent en échangeur à plaques), ΔTm est la moyenne logarithmique des écarts de température aux deux extrémités, appelée LMTD (Log Mean Temperature Difference). Mathématiquement :

LMTD = (ΔT1 – ΔT2) / ln(ΔT1/ΔT2),

où ΔT1 et ΔT2 sont les différences de température entre les deux fluides à l’une et l’autre extrémité de l’échangeur. Par exemple, si l’eau chaude entre à 90 °C et sort à 70 °C tandis que l’eau froide entre à 60 °C et sort à 80 °C, on a aux extrémités ΔT1 = 90–80 = 10 K et ΔT2 = 70–60 = 10 K; ici le LMTD vaut 10 K.

La formule de dimensionnement peut alors s’écrire : Q = U · S · LMTD. On voit qu’à puissance requise Q donnée, plus la différence de température moyenne est grande, plus la surface S nécessaire peut être petite (puisque Q est proportionnel à ΔT). Inversement, si l’on impose des températures de sortie très proches (petit ΔT moyen), l’échangeur devra être beaucoup plus grand pour compenser.

Le coefficient global U dépend de la performance thermique de l’échangeur. Il englobe les coefficients de convection interne de chaque fluide, la conduction à travers la plaque (généralement mince) et éventuellement la résistivité due à l’encrassement. Les fabricants fournissent souvent une valeur de U ou de K indicative pour leurs échangeurs, calculée via des corrélations internes en fonction du régime d’écoulement (Reynolds, Nusselt…). En première approximation on peut prendre une valeur de 1000 à 4000 W/m²·K pour un échangeur à plaques eau/eau standard. En réalité, grâce à la forte turbulence induite dans les canaux étroits (plaques de 0,3–0,6 mm d’épaisseur), un échangeur à plaques peut atteindre des coefficients U bien plus élevés – typiquement 6000 à 7500 W/m²·K dans un service eau chaude/eau froide, voire jusqu’à ~8000 W/m²·K dans des conditions très favorables. À titre de comparaison, un échangeur tubulaire classique (coaxial) dépasse rarement 2000–2500 W/m²·K.

En pratique, on procède de la manière suivante : on estime un premier U, on calcule la surface S requise via S = Q / (U·LMTD), puis on vérifie ce dimensionnement avec le fabricant qui ajustera U plus finement. Cette approche itérative permet d’aboutir à une géométrie satisfaisante (nombre de plaques, longueur des canaux, etc.).

Méthode de l’efficacité (NTU)

Une autre façon d’aborder le dimensionnement est la méthode de l’effectiveness-NTU (NTU pour Number of Transfer Units). Elle est particulièrement utile lorsque les températures de sortie ne sont pas spécifiées d’emblée. On définit l’efficacité thermique ε de l’échangeur comme le rapport entre la chaleur effectivement transférée et la chaleur maximale théoriquement transférable (si l’échange était infini). Par définition, ε varie entre 0 et 1 (soit 0 à 100%). La chaleur maximale possible Qmax serait obtenue si le fluide sortant ayant la plus faible capacité thermique (plus petit m·cp) atteignait la température d’entrée de l’autre fluide. L’efficacité vaut donc :

ε = Q / Qmax.

On peut montrer que pour tout échangeur, ε est fonction d’un nombre adimensionnel NTU = U·S / Cmin, où Cmin = (m·cp) minimal des deux fluides. Des corrélations existent pour relier ε et NTU selon le type d’écoulement (parallel-flow, counter-flow, cross-flow). Par exemple, pour un échangeur à contresens et des capacités thermiques égales, on obtient ε = NTU / (1 + NTU). Ainsi, une efficacité de 90% requiert NTU = 9. De façon générale, la méthode NTU revient à dimensionner l’échangeur pour atteindre un certain pourcentage d’échange réalisé.

Dans la pratique du génie thermique, la méthode LMTD et la méthode NTU mènent au même résultat mais sont utilisées différemment. La méthode LMTD est privilégiée lorsque les températures d’entrée et de sortie sont connues ou fixées (par exemple on sait qu’on veut chauffer l’eau secondaire jusqu’à 80 °C), tandis que la méthode NTU est utile si l’on connaît la puissance à transférer mais qu’on ne dispose pas directement des températures de sortie. Les logiciels de calcul des fabricants utilisent l’une ou l’autre approche en interne pour converger vers la solution optimale.

🔑 Critères de choix d’un échangeur à plaques

Plusieurs critères de conception doivent être pris en compte pour sélectionner le bon échangeur à plaques pour une application de chauffage :

  • Débits des fluides : Les débit massique ou volumique de chaque circuit conditionnent la taille de l’échangeur et le régime d’écoulement à l’intérieur des plaques. Un débit plus élevé augmente la turbulence (donc le coefficient U) mais engendre aussi davantage de pertes de charge. Il faut donc trouver un compromis : suffisamment de débit pour un bon échange thermique, sans dépasser les capacités des pompes. Typiquement, les fabricants spécifient une plage de débit par plaque à respecter pour garantir un écoulement turbulent.
  • Températures d’entrée/sortie : Le programme thermique (les températures d’entrée et objectifs de températures de sortie) est déterminant dans le choix. Un petit écart de température entre le fluide chaud sortant et le fluide froid entrant (pincement) nécessite une plus grande surface d’échange. À l’inverse, un écart important (par ex. refroidir de 90°C à 40°C) facilitera l’échange. Il faut également s’assurer que l’échangeur peut atteindre les températures visées : par exemple, on ne pourra jamais chauffer l’eau froide jusqu’à la température d’entrée de l’eau chaude, il y aura toujours une différence de quelques degrés en contresens.
  • Pressions et pertes de charge : La pression de service du réseau (exprimée en bar) dicte le type d’échangeur et l’épaisseur des plaques. La plupart des échangeurs à plaques standards (à joints) supportent entre 10 et 25 bar. Au-delà, il faut des modèles renforcés ou soudés. Par ailleurs, chaque échangeur induit une perte de charge (diminution de pression) due aux frottements de l’écoulement. En général, on tolère une perte de charge de l’ordre de quelques dizaines de kPa de part et d’autre. Si l’application ne permet qu’une perte de charge très faible (par exemple circuit gravitaire ou très peu de marge de pompe), il faudra dimensionner avec plus de plaques en parallèle pour réduire les pertes (mais cela augmente la taille). À noter que plus on accepte une perte de charge élevée, plus l’échangeur peut être compact pour la même performance.
  • Nature des fluides et matériaux : Le choix des matériaux de construction est guidé par la corrosion et la compatibilité chimique. Pour un réseau d’eau de chauffage standard, les plaques en acier inoxydable 316 et des joints en élastomère (NBR pour eaux minérales, EPDM pour eaux glycolées par ex.) conviennent généralement. Si l’eau contient beaucoup de chlorures (eau de mer, eau saumâtre), l’acier inox peut être inadapté : on utilisera des plaques en titane, ce qui est plus coûteux et parfois pas disponible sur tous les types d’échangeurs. De même, pour des fluides agressifs (acides, solvants), on pourra recourir à des plaques en alliages spéciaux ou à des modèles à joints spécifiques, voire à des échangeurs entièrement soudés (pas de joints) pour éviter les problèmes de compatibilité de joint. Il faut noter que le matériau des plaques n’influence pas significativement les performances thermiques de l’échangeur, mais seulement sa résistance mécanique et sa tenue à la corrosion.
  • Configuration et entretien : Un échangeur à plaques est modulaire : on peut ajouter ou retirer des plaques (sur un modèle à joints boulonné) pour ajuster la puissance. Cela offre une flexibilité pour faire évoluer l’installation. Cependant, il faut prévoir l’encombrement nécessaire pour extraire les plaques lors de la maintenance (nettoyage). Si l’espace est très contraint, on peut s’orienter vers un échangeur brasé compact (soudé au cuivre), qui est bien plus petit mais non démontable pour nettoyage. Le choix dépend donc aussi des contraintes d’encombrement du site et de la facilité de maintenance recherchée.

⚠️ Limitations à prendre en compte

Avant de finaliser le dimensionnement, quelques limitations pratiques doivent être prises en compte :

  • Pincement de température : Comme évoqué, il n’est pas recommandé de concevoir un échangeur avec un écart de température quasi nul à l’une des extrémités (par exemple vouloir que l’eau froide sorte à 89 °C si l’eau chaude entre à 90 °C). Un tel pincement très faible entraînerait une surface d’échange énorme pour capter les derniers kW, ce qui n’est pas économique. En chauffage, on prévoit généralement un pincement minimum de l’ordre de 5 °C au moins. Cela signifie par exemple que l’eau chaude sortira à 5 °C de plus que la température d’entrée de l’eau froide, dans le meilleur des cas.
  • Perte de charge excessive : Les canaux étroits et le haut taux de turbulence des échangeurs à plaques induisent des pertes de charge plus élevées que dans un échangeur tubulaire classique pour un même débit. Si la perte de charge calculée dépasse ce que la pompe peut fournir, il faudra augmenter la surface d’échange (plus de passages parallèles) pour la réduire, au prix d’un échangeur plus grand. À l’inverse, si l’on dimensionne un échangeur à plaques sur une contrainte de perte de charge ultra-faible (quelques kPa seulement), on n’exploitera pas pleinement ses performances et une partie de la surface risque d’être sous-utilisée. Il faut donc définir une perte de charge cible raisonnable et cohérente avec les pratiques (par ex. 20–50 kPa par circuit en chauffage).
  • Température et pression maximales : Les échangeurs à plaques à joints sont limités en température par la tenue des joints d’étanchéité. Typiquement, des joints en NBR ne doivent pas dépasser ~140 °C, et en EPDM ~160 °C (ces valeurs varient selon les grades). Pour des températures supérieures (par ex. vapeur), on peut utiliser des joints en Viton (haute température) ou passer sur des échangeurs entièrement brasés/soudés qui tolèrent mieux la chaleur. Du côté de la pression, au-delà de ~25 bar il devient nécessaire d’utiliser des échangeurs spéciaux (construction plus épaisse, voire échangeurs à plaques soudées du type bloc).
  • Encrassement (fouling) : Les impuretés et dépôts dans les fluides peuvent encrasser les plaques au fil du temps, formant une couche isolante qui dégrade les performances. Heureusement, l’échangeur à plaques, de par sa forte turbulence interne, a tendance à moins s’encrasser qu’un échangeur à tubes. Néanmoins, en chauffage, l’eau peut contenir des minéraux (entartrage), de la boue (circuits ouverts) ou des particules de corrosion. Il est recommandé de filtrer l’eau en amont pour éviter l’accumulation de dépôts dans les canaux. Dans le calcul, on introduit un facteur de salissure (ou une marge supplémentaire sur la surface) pour compenser la perte d’efficacité due à l’encrassement sur la durée de vie. Par exemple, on peut ajouter ~10% de surface d’échange en plus du besoin théorique. Ce facteur d’encrassement à appliquer est toutefois bien plus faible pour un échangeur à plaques que pour un échangeur tubulaire grâce à la turbulence élevée.
  • Risque de fuites et mélange : Dans un échangeur à plaques à joints, chaque plaque est étanchéifiée par un joint périphérique. Une défaillance de joint peut entraîner une fuite et potentiellement un mélange des deux fluides dans le pire cas. C’est critique si, par exemple, l’un des fluides est de l’eau potable sanitaire et l’autre de l’eau de chaudière traitée chimiquement. Pour palier ce risque, on peut utiliser des plaques dites « double paroi » (deux plaques accolées empêchant le mélange en cas de percement), ou prévoir des capteurs de fuite. En exploitation normale, un échangeur correctement monté ne fuit pas, mais c’est un point de vigilance à avoir.

🔧 Bonnes pratiques de conception et d’utilisation

Pour réussir le dimensionnement et assurer un fonctionnement pérenne de l’échangeur à plaques, voici quelques conseils et bonnes pratiques :

  • Prise de marge raisonnable : Il est sage de surdimensionner légèrement l’échangeur par rapport au calcul théorique, par exemple en ajoutant 10 à 15% de surface d’échange supplémentaire. Cette marge couvre à la fois les incertitudes de calcul, une éventuelle évolution des besoins thermiques, et l’encrassement progressif. Néanmoins, un surdimensionnement excessif n’est pas conseillé : ajouter beaucoup trop de plaques va diminuer la vitesse d’écoulement dans chaque canal, donc réduire la turbulence et potentiellement favoriser l’encrassement. Il faut trouver le juste milieu.
  • Entretien et nettoyage : Prévoyez un programme de maintenance. Les performances initiales de l’échangeur doivent être suivies dans le temps : une baisse du delta de température effectif peut indiquer un encrassement. Sur un modèle à plaques et joints, un nettoyage manuel périodique peut être réalisé (démontage des plaques et brossage ou nettoyage chimique). Sur un modèle brasé (non démontable), on peut installer un circuit de nettoyage en place (CIP) pour faire circuler un détartrant. Un entretien régulier permettra de maintenir un haut niveau d’efficacité sur la durée.
  • Prévention de l’encrassement : Comme mentionné plus haut, l’utilisation de filtres ou de pots à boues à l’entrée de l’échangeur est vivement recommandée pour stopper les particules circulantes. De même, assurer un traitement d’eau adéquat (adoucissement, anticorrosion) prolonge la vie de l’équipement.
  • Choix du type de plaques : Les fabricants proposent souvent plusieurs géométries de plaques pour un même échangeur, par exemple des plaques à chevrons « agressifs » (angle de motif élevé) qui donnent un transfert thermique accru au prix d’une perte de charge plus forte, ou des plaques à chevrons plus ouverts (angle faible) privilégiant une faible perte de charge. Le choix du motif de plaque permet d’ajuster la performance en fonction des priorités du projet (optimiser l’échange vs. limiter la contrainte hydraulique). Table ci-dessous : comparaison des principales constructions.
Type d’échangeur à plaquesAvantagesInconvénients
À plaques et joints (démontable) Modulable (ajout/suppression de plaques), nettoyable manuellement, grande flexibilité d’usage. Limité en température (par les joints, ~150°C max), risque de fuites si joints usés, encombrement plus important (châssis, espace pour maintenance).
À plaques brasées (compact) Très compact, pas de risque de fuite de joint (assemblage soudé), bon pour hautes températures et pressions modérées. Non démontable (nettoyage difficile en cas d’encrassement sévère), taille fixe (non modifiable), matériaux limités (généralement plaques inox brasées au cuivre, incompatible fluides corrosifs pour le cuivre).
À plaques soudées (bloc) Supporte très hautes températures et pressions, aucun joint (pas de fuite), adapté fluides agressifs. Très coûteux, non démontable (nettoyage complexe), réservé à des applications spéciales (chimie, pétrole, etc.).
  • Mise en service soignée : Lors du démarrage de l’échangeur, il est impératif de bien purger l’air présent dans les canaux. Une poche d’air coincée réduit drastiquement l’échange thermique sur la zone affectée. La plupart des échangeurs à plaques sont équipés de purgeurs en haut des collecteurs – il convient de les utiliser. De même, montez progressivement en température et surveillez les dilatations et la tenue des joints lors de la première chauffe.
  • Suivi des performances : Instrumenter l’installation avec quelques sondes de température et manomètres de part et d’autre de l’échangeur permet de vérifier que les performances calculées sont atteintes. Vous pourrez ainsi contrôler le ΔT mesuré et la perte de charge réelle, et détecter d’éventuelles dérives (colmatage, entartrage) pour agir avant que la situation ne se dégrade trop.
  • Régulation adaptée : Enfin, attention à la régulation de l’échangeur dans le contexte du chauffage. Si une vanne 3 voies ou une vanne de contrôle module le débit d’un côté, assurez-vous qu’un débit minimal continue de traverser l’échangeur pour conserver un régime turbulent, même en mi-saison. Des débits trop faibles peuvent conduire à un échange inefficace et à du dépôt. En cas de très forte modulation, on peut envisager un contournement partiel (bypass) pour garantir un flux minimum dans l’échangeur.

Exemple simplifié de dimensionnement

Pour illustrer ces principes, considérons un besoin de chauffage d’un débit de 10 m3/h d’eau (soit ~2778 kg/h si on prend ρ≈1000 kg/m³) grâce à un circuit d’eau chaude industrielle :

  • Circuit primaire (eau chaude disponible) : 90 °C en entrée, 70 °C en sortie visée.
  • Circuit secondaire (eau à chauffer) : 60 °C en entrée, on souhaite atteindre 80 °C en sortie.

Calculons la puissance nécessaire :

Débit massique secondaire mc = 2778 kg/h = 0,772 kg/s.
Écart de température secondaire ΔTc = 80 – 60 = 20 K.
Capacité calorifique eau cp ≈ 4180 J/kg·K.

Donc puissance thermique transférée Q = mc · cp · ΔTc = 0,772 × 4180 × 20 ≈ 64 500 W (soit ~64,5 kW).

Vérification côté primaire : ΔTh = 90 – 70 = 20 K, on aurait besoin d’un débit primaire mh tel que mh · 4180 · 20 = 64 500, ce qui donne mh ≈ 0,772 kg/s (cohérent avec mc si les fluides sont le même type d’eau). Ici on a choisi des variations symétriques pour simplifier – en réalité, les débits pourraient différer, entraînant des ΔT différents de part et d’autre.

Calcul de la LMTD (contresens) :

ΔT1 = 90 – 80 = 10 K (différence à l’extrémité chaude/froide).
ΔT2 = 70 – 60 = 10 K (différence à l’autre extrémité).
Donc LMTD = (10 – 10) / ln(10/10) = 10 K (cas particulier où ΔT1 = ΔT2).

Estimation de la surface requise :

Supposons un coefficient U ≈ 1500 W/m²·K (eau chaude/eau tiède, turbulence modérée).
Alors S = Q / (U·LMTD) = 64 500 / (1500 × 10) ≈ 4,3 m².

On obtient une surface d’échange d’environ 4,3 m². Si chaque plaque offre par exemple 0,25 m² de surface utile (format courant), il faudrait de l’ordre de 18 plaques (9 par circuit, car chaque plaque a deux faces d’échange). En ajoutant ~15% de marge pour l’encrassement et les incertitudes, on peut prévoir ~21 plaques.

Cette estimation initiale devra être validée auprès d’un fabricant. Celui-ci utilisera ses propres outils de calcul pour ajuster le nombre de plaques en fonction de paramètres précis (par ex., prise en compte de la perte de charge admissible : si 18 plaques en donnent trop, il en faudra davantage en parallèle ; si au contraire la perte de charge est faible, on peut en retirer éventuellement). Il vérifiera aussi la vitesse d’écoulement dans les canaux : avec 10 m³/h et 9 passages parallèles, cela fait environ 1,1 m³/h par canal, ce qui doit rester dans la plage recommandée pour assurer la turbulence.

Au final, l’échangeur sélectionné pourrait être par exemple un modèle de 21 plaques de 0,25 m², capable de transférer ~65 kW avec une perte de charge de l’ordre de 30 kPa de chaque côté, et d’élever l’eau de chauffage de 60 °C à 78–80 °C (tenant compte d’un léger pincement thermique résiduel).

Conclusion

Le dimensionnement d’un échangeur à plaques pour le chauffage industriel est un exercice d’équilibriste entre exigences thermiques et contraintes pratiques. Il s’agit de délivrer la puissance calorifique voulue (par exemple chauffer un débit donné d’eau de tant de degrés) tout en respectant les limites de température, de pression et de perte de charge du système. En combinant les principes thermodynamiques (bilan thermique, LMTD, méthode NTU) à une approche pragmatique (marges de sécurité, nettoyage, choix de matériaux appropriés), on peut aboutir à une solution optimale.

Grâce à leur efficacité élevée, les échangeurs à plaques se révèlent souvent le choix idéal en génie climatique et industriel : ils offrent un transfert de chaleur maximal pour un encombrement minimal, et peuvent évoluer par simple ajout de plaques si les besoins augmentent. Il convient toutefois de bien respecter les bonnes pratiques de conception et d’exploitation pour en tirer le meilleur parti sur le long terme. En cas de doute, n’hésitez pas à vous appuyer sur les recommandations de fabricants reconnus (Alfa Laval, SWEP, Danfoss, etc.) et sur des référentiels comme les guides de l’ASHRAE ou du CETIAT, afin de valider votre dimensionnement. En suivant ces conseils, vous pourrez sélectionner un échangeur à plaques performant, fiable et adapté à votre installation de chauffage.

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